Personnellement, cette journée m'a apporté une nouvelle qui m'a rendue bien heureuse: tout en quelques heures! Le destin est souvent très généreux... le destin et notre personnalité! A réfléchir!
Mihai EMINESCU
Sonnets
I
C'est bien l'automne et les feuilles s'envolent,Le vent jette aux carreaux de lourdes gouttes;
Des plis rongés, tu lis les lettres, toutes,
Et dans une heure, ta vie entière tu frôles.
Que quelqu'un frappe à ta porte tu redoutes,
Le temps s'écoule en douces babioles;
Toi, près du feu, tu rêves, tu somnoles,
On n'est bien mieux lorsque la neige dégoutte.
De même, dans mon fauteuil assis, je rêve.
De Dokia, le très vieux conte s'entr'ouvre;
Autour de moi, la brume grossit sans trêve;
Soudain, le bruit d'une robe que je découvre,
Celui d'un pas léger, à peine s'élèvent...
Et des mains froides et fines mes yeux recouvrent.
1879 - traduction : Véturia DRAGANESCU-VERICEANU
II
De longues années passèrent - et d'autres passeront -Depuis l'instant suprême de notre tendre amour.
A cette ivresse pure je pense encor, toujours,
Merveille aux froides mains, aux yeux grands et profonds.
Reviens pour m'inspirer des mots encor plus doux.
Que ton regard descende sur moi, enveloppant,
Qu'en son rayon ma vie s'écoule, calmement,
Et que ma lyre entonne des chants nouveaux et doux.
Tu ne sauras jamais combien ton approche
Calme mon cœur meurtri, le calme en profondeur,
Tel une étoile au soir, dans le silence proche...
Et lorsque je te vois sourire, enfant sage,
Toute ma vie de douleurs s'estompe et davantage
Mon âme se dilate, mon regard brûle plus fort !...
III
Lorsque même la voix de nos pensées se tait,Quand la chanson d'un doux recueillement murmure
Alors j'ose t'appeler... Sauras-tu m'écouter... ?
Du froid brouillard planant seras-tu la rupture... ?
La force de la nuit la rendras-tu plus sereine
Avec tes grands yeux porteurs de paix... ? Élève -
Toi des ombres du temps afin que tu viennes
Vers moi, que je te voie venir, comme dans un rêve...
Descend tout doucement, plus proche encor, plus proche,
Sur mon visage triste en souriant te penche,
Par tes soupirs l'amour se fasse deviner...
De tes cils touche enfin mes paupières éteintes,
Fais-moi bien ressentir le frisson de l'étreinte,
Ô, toi, éternellement perdue et adorée... !
1879 - traduction : Michel STERIADE
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